5 chiffres qui pourraient expliquer la récession sexuelle chez les Français

Actuellement, 3 femmes sur 4 ayant déjà eu des relations sexuelles sont touchées (même rarement) par une forme d'inconfort ou de douleurs au niveau de leur zone génitale.

Actuellement, 3 femmes sur 4 ayant déjà eu des relations sexuelles sont touchées au moins une fois dans leur vie par une forme d'inconfort ou de douleurs au niveau de leur zone génitale.

 

Le sexe (ou la récession sexuelle) est désormais un enjeu important des prochaines élections françaises. Non pas à cause de ceux qui ont moins de rapports, mais surtout pour ceux qui n'en ont pas ou plus du tout.

La France a enregistré moins de 700 000 naissances en 2023, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale. Comment expliquer cette baisse ? Certes, plusieurs facteurs socio-économiques contribuent au plus faible taux de natalité dans l’Hexagone. Mais si l'on s'intéresse de plus près à la qualité de vie des gens, et notamment à leur vie sexuelle, les choses se précisent. 

IntyEssentials et BVA ont interrogé 1 000 Françaises âgées de 18 à 65 ans en mars 2024, afin de mieux comprendre leur expérience de l'inconfort intime, de la douleur sexuelle et leurs pratiques en matière de santé sexuelle. Un examen plus approfondi des données révèle un certain nombre de tendances chez les femmes en âge de procréer en France qui pourraient en dire long. Nous vous partageons cinq statistiques qui pourraient contribuer à expliquer cette fameuse « récession sexuelle » ou la baisse du taux de natalité chez les personnes en âge de procréer enregistrée en France ces dernières années.

Par exemple, est-il possible que les douleurs et les inconforts intimes causent des situations tellement désagréables qu'ils deviennent un véritable frein aux relations sexuelles ? Laissons les chiffres parler...

90 % des femmes de moins de 35 ans ayant déjà eu des relations sexuelles sont touchées (au moins une fois dans leur vie) par une forme d'inconfort ou de douleurs au niveau de leur zone génitale. 

Et 76% des participantes de moins de 35 ans vivent actuellement cette situation.

Les femmes âgées de 18 à 34 ans déclarent beaucoup plus souvent souffrir de douleurs au niveau de la zone génitale, comparées aux femmes âgées de 35 à 64 ans. En effet, les femmes les plus jeunes sont 19 % plus nombreuses que les femmes les plus âgées à déclarer souffrir actuellement de douleurs ou d'inconfort sexuel.

90 % des femmes de moins de 35 ans ayant déjà eu des relations sexuelles sont touchées par une forme d'inconfort ou de douleurs au niveau de leur zone génitale

 

Comment expliquer cette différence ? Notre théorie, également basée sur nos 18 ans d’expérience dans le domaine de la santé sexuelle, est que les femmes plus jeunes sont souvent plus enclines à parler de leur santé intime et seraient donc plus disposées que les femmes plus âgées à parler des difficultés qu'elles rencontrent. Nos amies, membres de la famille et clientes plus âgées nous disent souvent qu'on leur a dit d'accepter les douleurs et les inconforts sexuels comme étant normaux, une sorte de “rite de passage” pour toutes les femmes.

44 % des femmes âgées de 18 à 34 ans estiment que l'intensité de la douleur génitale est égale ou supérieure à 6. 

Un des enseignements les plus interpellants de notre sondage est celui de l’intensité de la douleur sexuelle. En effet, pour 44 % des femmes âgées de 18 à 34 ans et 38 % des femmes âgées de 35 ans et plus (nous parlons donc de 6 femmes sur 10), cette douleur représente un véritable trouble ou une condition réellement douloureuse vu qu’elles lui attribuent une intensité de 6 (sur une échelle allant de 0 à 10). L'intensité de la douleur sexuelle n'est donc pas à négliger et le fait qu’un pourcentage aussi signification de femmes en âge de procréer ait ressenti des douleurs génitales aussi intenses pourrait contribuer à dissuader ces femmes de fonder une famille ou les inciter à limiter le nombre d'enfants qu’elles souhaitent avoir ?

44 % des femmes âgées de 18 à 34 ans estiment que l'intensité de la douleur génitale est égale ou supérieure à 6.

 

Il convient de noter, à ce stade, que notre enquête a révélé que : « les femmes ayant des relations sexuelles de manière plus occasionnelle sont plus nombreuses à ressentir ces douleurs, cet inconfort ». En fait, quand les femmes ont des relations sexuelles entre 1 à 3 fois par mois, elles sont 77 % à ressentir des douleurs de l’inconfort (vs. 66% pour l’ensemble des femmes). Se pourrait-il qu'elles aient des rapports sexuels moins fréquents en raison de cette gêne et de cette douleur ? 

68 % des femmes entre 18-34 ont ressenti au moins une conséquence négative de ces douleurs, cet inconfort.

Les femmes en âge de procréer sont plus susceptibles de ressentir des conséquences négatives (68 %) à la suite de leur inconfort ou de leur douleur génitale par rapport aux femmes plus âgées (61 %). Parmi les conséquences les plus fréquentes, environ un quart des femmes interrogées citent une perte de désir sexuel et une perte de plaisir sexuel. Les femmes de la tranche d'âge 18-34 ans sont plus nombreuses à se dire angoissées par les relations sexuelles (29 % contre 19 % des femmes de plus de 35 ans), et 22 % d'entre elles notent des effets sur leur relation avec leur partenaire (contre 15 % des femmes de plus de 35 ans).

En revanche, 8 % des femmes de moins de 35 ans déclarent que leur gêne a eu des effets positifs sur leur relation avec leur partenaire (meilleure communication, apprentissage du fonctionnement de l'autre, sentiment d'être écouté...). Ce chiffre n'est que de 4 % chez les femmes de plus de 35 ans.

76 % des femmes de moins de 35 ans ont parlé à quelqu'un de leur gêne ou de leur douleur.

 Ce chiffre contraste avec les 67 % de femmes âgées de 35 ans et plus qui ont demandé conseil à d'autres personnes. Il n'est pas étonnant de constater que les femmes âgées de 25 à 34 ans - qui sont en pleine période de procréation - soient les plus enclines à demander de l'aide à des professionnel·les de santé (46 % contre 53 % des femmes âgées de 18 à 24 ans et 48 % des femmes âgées de 35 ans et plus).

En revanche, les femmes de moins de 35 ans sont nettement plus nombreuses à consulter une sage-femme ou un sexologue. Et elles sont beaucoup plus susceptibles d'en parler avec leur partenaire : 40 %, contre 27 % pour les femmes de 35 ans et plus. Plus encore, les femmes âgées de 18 à 24 ans sont nettement plus disposées à en parler à leur partenaire - près de la moitié d'entre elles déclarent avoir adopté cette approche. Il est important que les femmes ne soient pas isolées face à ces difficultés. Il est donc encourageant de constater que les femmes plus jeunes sont plus à même de parler à des professionnel·les de santé et à leur partenaire.

Parmi les 18-24 ans qui ont consulté un·e professionnel·le de santé, près d'un sur quatre a eu une expérience négative.

Environ 50% des femmes interrogées dans le cadre de notre enquête ont déclaré avoir consulté un professionnel de la santé pour un inconfort ou une douleur intime. 89% d'entre elles ont déclaré avoir eu une expérience positive - un résultat qui nous semble plutôt positif.

Cependant, si seulement 13% de l'ensemble du groupe a déclaré une expérience négative, ce chiffre est particulièrement élevé chez les femmes âgées de 18 à 24 ans : 23% d'entre elles ont eu une expérience médicale négative. 

Comment expliquer cela ? Bien que la réponse ne soit pas tout à fait claire, nos échanges avec nos client·es et notre communauté révèlent plusieurs hypothèses. Ils estiment notamment que les professionnel·les de santé ont minimisé leur douleur, leur ont recommandé des traitements contraignants qu'iels ne comprenaient pas entièrement ou ont effectué des examens physiques auxquels iels n'étaient peut-être pas préparé·es.