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Les hommes (cisgenres) ont-ils vraiment une libido plus élevée que les femmes cisgenres ?

Il est courant d'entendre dire que les hommes ont une libido plus forte que les femmes, ce qui se traduirait par des pulsions sexuelles plus fréquentes. Mais qu'en est-il vraiment ? Qu'est-ce qui fait augmenter le désir sexuel ou, au contraire, provoque une baisse des envies ? En réalité, les choses sont un petit peu plus compliquées qu'il n'y paraît à première vue.

Les hommes ont-ils vraiment une libido plus forte que les femmes

Libido, hormones et pulsions sexuelles

Le mot libido est utilisé pour évoquer le désir sexuel, quel que soit le sexe de la personne. En latin, ce mot signifie littéralement « envie » ou « désir ». C'est d’ailleurs Sigmund FREUD qui l'a introduit dans le langage moderne pour désigner, entre autres, l'envie de faire l'amour. Dans un système patriarcal, il est courant de penser que les hommes sont plus concernés par celle-ci que les femmes.

NOTE: Vous remarquerez que nous nous sommes focalisés sur les hommes et les femmes cisgenres dans la rédaction de cet article car l’ensemble des études mentionnées semblent être basées sur cette approche très binaire homme/femme cisgenres, que nous ne cautionnons naturellement pas..

Certaines études ont d'ailleurs confirmé cette “croyance populaire” en montrant qu'un taux de testostérone (hormone sexuelle masculine) plus élevé avait tendance à augmenter l'instinct sexuel en général. Si cette hormone joue probablement un rôle clé dans la motivation à pratiquer des activités sexuelles dans la vie d'un homme, le rapport au sexe est, quant à lui, plus complexe que cela et ne se résume pas à une simple question de concentrations hormonales.

Dans les faits, la hausse ou la baisse du désir sexuel varie en fonction de l'âge, de l'état de santé (psychique comme physique), des périodes de la vie, des expériences passées, de la qualité de la relation du couple ou encore de la culture. Sa nature et la façon dont elle se manifeste diffèrent, elles aussi, d'une personne à l'autre. Bien sûr, les hormones ont également un rôle important à jouer dans tout cela. Mais, cela ne veut pas dire pour autant que les femmes sont moins intéressées par le sexe que les hommes, simplement car leur taux de testostérone pourrait, par exemple, être plus bas en moyenne. 

 

Que dit la science sur le lien entre genre et désir sexuel ?

Des études peu concluantes

Si les stéréotypes patriarcaux nous poussent à penser que les hommes ont plus souvent envie de sexe que les femmes, c'est parce qu'au quotidien de nombreuses personnes sont convaincues de le constater de leurs yeux. Et la science dans tout cela ? Eh bien, de nombreuses études scientifiques se sont penchées sur le sujet en utilisant différentes méthodes d'évaluation. Certaines ont eu recours à des questionnaires, d'autres à des évaluations psychologiques, d'autres encore à des mesures biologiques, notamment des taux d'hormones sexuelles.

Hélas, aucune de ces études n'a pu offrir de conclusion définitive. Certaines toutefois, démontrent une réelle différence entre les hommes et les femmes, c'est notamment le cas d'une étude de 2015 publiée dans la revue Archives of Sexual Behavior. Cependant, la différence n'était pas statistiquement assez significative pour établir cet écart de façon incontestable. D'autres études, quant à elles, ne mettent en évidence aucune supériorité de l'un sur l'autre en ce qui concerne le désir sexuel ou au contraire le manque d'envie de faire l'amour.

Ces études sont par ailleurs très peu inclusives et ne tiennent pas compte des personnes non-binaires, des personnes transgenres ou encore des orientations sexuelles des différentes personnes sondées. Notons qu’il est par ailleurs très difficile de quantifier et d’évaluer le désir chez les personnes dès lors que celui-ci est plutôt un spectre qu’une trajectoire linéaire et définie et qu’une étude qualitative avec des indicateurs objectifs et inclusifs, sur un échantillon très large et très hétérogène de personnes, permettrait de délimiter des grandes tendances, mais certainement pas des affirmations et des constats, sur l’une des expressions les plus mouvantes de la Nature Humaine. 

La plus grande étude scientifique sur le sujet

Des chercheurs de l'université de la Sarre, en Allemagne, ont effectué une méta-analyse prenant en compte plus de 200 études réalisées sur 620 000 personnes au sujet de la libido. Dans un premier temps, ils ont remarqué que le manque de consensus pouvait provenir des nombreuses méthodologies utilisées, mais aussi de la définition du concept lui-même, celle-ci variant d'une équipe de recherche à l'autre. Cette méta-analyse a révélé que les hommes ont généralement un rapport au sexe significativement plus fort que les femmes. Ils penseraient plus souvent au sexe, auraient des pulsions sexuelles plus souvent et se masturberaient plus fréquemment que les femmes.

 

Les statistiques, c'est bien, mais qu'en est-il dans la vie de tous les jours ?

Bien que les statistiques montrent qu'en moyenne, les hommes ont un penchant plus marqué pour le sexe que les femmes, cela ne signifie pas que c'est systématique. Il ne s'agit que d'une tendance générale et dans les faits, beaucoup de femmes ont plus souvent envie de sexe que la plupart des hommes. Selon une étude publiée en 2022, 24 % à 29 % des femmes auraient même une libido plus élevée que l'homme moyen.

En fin de compte, il est très probable que l'intérêt et l'enthousiasme que suscite le sexe soient le fruit d'une interaction complexe entre l'éducation que l'on a reçue, les normes sociales que l'on respecte et les conditions d'apprentissage de la sexualité. Il résulterait également de la combinaison de divers facteurs génétiques, physiologiques et biologiques. Le tout de façon relativement indépendante du genre sexuel auquel on appartient.

"24 % à 29 % des femmes auraient même une libido plus élevée que l'homme "moyen"

Le rapport au sexe est conditionné par la société et notre propre état émotionnel

Si diverses recherches suggèrent que les femmes ont des pulsions sexuelles aussi fortes que les hommes, il est en revanche vrai que beaucoup se retiennent de le montrer. Historiquement, la société a souvent eu tendance à valoriser l'homme qui multiplie les conquêtes et, à l'inverse, à faire honte à la femme qui en fait autant, la jugeant moralement peu recommandable. Si aujourd'hui les choses tendent à s'équilibrer, cette image de femme facile véhiculée par les femmes qui assument parfaitement leurs désirs sexuels est restée ancrée chez beaucoup de personnes. C'est pour cela que certaines ont encore du mal à exprimer clairement leurs envies de sexe.

Mais ce n'est pas tout.

La peur d'une grossesse non désirée pousse aussi certaines personnes à vulve mettre un frein à leurs pulsions sexuelles, et ce, quelles que soient leurs envies ou leur méthode de contraception. Enfin, la sexualité est intimement liée au bien-être émotionnel, chez l'homme comme chez la femme. L'envie de faire l'amour peut être influencée par le stress, l'anxiété, une perte d'estime de soi, des problèmes d'ordre relationnels, etc.

Il est par exemple fréquent de constater une perte de libido en cas de dépression ou de surmenage. De plus, chez une femme, la qualité de la relation avec son partenaire est primordiale pour son bien-être sexuel. Si elle ne reçoit pas le type de stimulation qu'elle attend de celui-ci, elle a du mal à tirer plaisir de leurs rapports intimes et peut perdre tout intérêt pour ces derniers.

En résumé, homme ou femme, la libido est avant tout une expérience personnelle qui diffère pour chaque personne. Si biologiquement, les hommes semblent plus souvent attirés par le sexe, dans les faits, beaucoup de femmes le sont plus que la moyenne des hommes. L'important est d'être à l'aise avec son propre rapport au sexe et de ne pas se faire violence pour faire partie de “la norme” ou de permettre à un·e partenaire de nous faire croire que notre libido est inadéquate. Si, par contre, vous constatez une baisse soudaine de votre libido et que cela impacte votre estime de soi ou votre vie de couple, nous vous recommandons d’en parler à un·e professionnel·le de la santé qui saura vous conseiller.

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